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Une stratégie pour la sauvegarde de données

Nous accumulons tous une quantité de données de plus en plus importante, entre les fichiers rangés sur nos multiples disques durs et appareils mobiles, les solutions de stockage en ligne, les services web…

Sauf si tu as tendance à fermer les yeux et serrer les dents en espérant que tout se passe bien, il est probable que tu aies déjà réfléchi à sauvegarder tout ça, au moins pour le plus important.

Seulement voilà, ce n’est pas une des tâches les plus drôles, et il y a tellement de possibilités qu’il est facile de s’y perdre ou d’en oublier.

Voici donc quelques bases de réflexion sur le sujet. Note que je m’adresse ici plutôt à des particuliers ou à des travailleurs indépendants, plutôt qu’à des entreprises qui doivent prendre ce sujet encore plus au sérieux en faisant la plupart du temps appel à des professionnels pour gérer cet aspect.

Introduction : qu’est-ce qu’une bonne sauvegarde des données ?

photo pixabay

Cela peut paraître évident au premier abord, et pourtant il y a peut être plus de critères à prendre en compte que tu ne l’imagines :

– il faut que les données soient copiées en plusieurs endroits. Donc en deux points au minimum, mais évidemment la multiplication augmente la sécurité,

– ces points de stockage doivent être autant que possible éloignés les uns des autres, pour qu’il n’y ait quasiment aucune probabilité qu’ils disparaissent tous en même temps. Un exemple : si tu sauvegardes le disque dur de ton PC fixe sur un disque dur externe que tu conserves à la maison, tu seras sauvé si ton PC tombe en panne, mais en difficulté si par malheur tu subis un dégât des eaux / un feu / un cambriolage…

– tout ça est bien joli, mais je pense qu’il ne faut pas oublier de tenir compte de la sensibilité des données : est-il prudent de sauvegarder tes documents «confidentiels» sur les serveurs d’une entreprise étrangère dont tu as très peu d’information sur l’utilisation des données ? Pour le coup, multiplier les points de stockage a pour conséquence d’augmenter le risque de diffusion non désirée… tu comprends donc que c’est un équilibre à trouver.

Bien entendu, tout ceci dépend directement de l’importance que l’on porte aux différentes données sauvegardées, et de leur sensibilité : quel est le risque si elles venaient à disparaître ? Sont-elles remplaçables ? Ont-elles une valeur importante, aussi bien marchande (logiciels…) que sentimentale (photos…) ?

Les différentes solutions de sauvegarde

 

Le montage des disques durs de sa machine en RAID

photo flickr / Jon

Si ce terme ne te dit rien : le RAID (pour Redundant Array of Independent Disks) consiste à utiliser plusieurs disques durs sur une seule machine, qui vont fonctionner en parallèle pour améliorer les performances et / ou pour copier les données en plusieurs exemplaires. Cela te sauvera donc la mise en cas de défaillance d’un des disques.

Si c’est une solution intéressante qui permet de garder la totale maîtrise de ses données personnelles, côté sécurité tu comprends rapidement que l’intérêt est limité au seul cas où un disque dur venait à rendre l’âme seul, sans dommages collatéraux.

Pour tout le reste (vol, dégât sur la machine complète ou le bâtiment qui l’héberge…), ce n’est pas suffisant.

 

Les supports physiques «mobiles»

photo pixabay

Une solution simple que nous avons tous utilisé, et que beaucoup utilisent toujours aujourd’hui, consistant à copier ses données les plus importantes sur des supports amovibles comme des CD, DVD, clés USB, cartes mémoires, ou disques durs externes.

Tout dépend ensuite de la quantité de données à sauvegarder.

Les avantages sont multiples :

– ils peuvent être emmenés partout. Si tu suis la première partie de cet article, tu comprends que la bonne façon de faire une sauvegarde sûre est de ne pas les entreposer dans la même pièce, et encore mieux pas dans le même bâtiment,

– ils peuvent être utilisés sur de multiples appareils, et donc être emportés de droite à gauche pour utiliser ses fichiers partout,

– le stockage de données sur un support physique dont on garde la maîtrise et évidemment une bonne solution pour la protection de ses données personnelles. A condition de ne pas les laisser traîner partout bien entendu.

Les inconvénients :

– l’espace de stockage est limité selon le support. Les disques durs externes ont désormais de grandes capacités de stockage, mais sont moins transportables. On trouve facilement aujourd’hui des clés USB de 64 Go à partir de 20-30€, de 128 Go à partir de 50€, pour des modèles de marque «sérieuse». Compte un peu plus si les questions de performance sont importantes pour toi,

– ces supports n’ont vraiment d’intérêt pour une sauvegarde sûre de ses données que s’ils sont stockés dans un endroit différent, ce qui peut s’avérer assez contraignant,

– on peut difficilement programmer des sauvegardes automatique de ses données (et je ne parle même pas du cas où tu les stockes à l’extérieur). Il existe cependant des tonnes de logiciels de sauvegarde, j’avoue ne jamais m’être vraiment penché sur le sujet.

J’ai personnellement utilisé cette méthode pendant plusieurs années pour sauvegarder les données de mon ordinateur professionnel, en faisant une copie quasi-intégrale tous les 15 jours du PC de mon bureau sur un disque dur externe que je stockais chez moi. Tu imagines bien que c’est fastidieux, avec la nécessité pour un étourdi comme moi de se mettre un rappel pour penser à prendre le disque, un rappel pour penser à faire la sauvegarde, un rappel pour penser à rapporter le disque dur. Mais ça fonctionne.

 

Les NAS

photo flickr / James Chao

Les serveurs de stockage en réseau, communément appelés NAS, sont de petits boîtiers remplis de disques durs et connectés à son réseau personnel, qui se chargent du stockage de ses données.

Souvent utilisés par les petites entreprises, de nombreux modèles abordables sont accessibles aux particuliers pour se constituer un vrai réseau personnel à domicile.

Ils utilisent généralement le système de montage des disques durs en RAID que j’évoquais plus haut (à condition de les équiper de plusieurs disques bien sûr), et certains modèles peuvent être accessibles via Internet, voire envoyer automatiquement des fichiers sur un serveur distant via FTP.

Une solution vraiment complète à condition d’y mettre le prix : à partir de 80-100€ le boîtier vide, auquel il faut ajouter au minimum 2 disques durs, en comptant au moins 50-60€ par disque d’1 To ou 80-100€ par disque de 2 To. En n’oubliant pas que si le but est d’y relier tous les appareils électroniques de la maison, l’espace de stockage peut être rapidement occupé.

A noter que sans investir dans ce type de matériel, on peut toujours se contenter de relier un disque dur à notre box Internet, ces dernières possédant bien heureusement aujourd’hui de nombreuses possibilités de connexion depuis l’ensemble du réseau.

Les avantages des NAS :

– ils permettent de sauvegarder automatiquement nos données de façon transparente,

– leur capacité de stockage peut être très importante, selon le nombre d’emplacements pour disques durs prévus, et les disques que l’on va mettre à l’intérieur,

– ils sont utilisables par toutes les machines connectés à son réseau personnel, et permettent donc le partage des données entre machines,

– comme pour les autres supports de stockage «physique», ils assurent un minimum de protection des données personnelles (surtout s’ils n’ont pas d’accès direct à Internet).

Les inconvénients :

– si on reprend les conditions initiales d’une bonne sauvegarde, on peut se dire qu’ils n’assurent pas une sécurité maximale puisqu’ils sont en principe stockés dans sa maison ou son appartement. Ils peuvent néanmoins être rangés dans une pièce dédiée et un minimum «sécurisé» contre les principaux problèmes (placard fermé à clé, à l’abri de tout risque d’eau, protégé contre les surtensions…), et les versions possédant un système de sauvegarde par Internet offrent des garanties supplémentaires.

– tout cela à un coût, mais qui peut s’avérer être un bon investissement vus les avantages évoqués.

 

Le cloud «propriétaire»

Voilà bien un terme que toutes les entreprises ont utilisés n’importe comment ces dernières années pour paraître dans le coup, une sorte de «tech washing» qui s’est heureusement un peu calmé.

Derrière ce concept nébuleux (#pouet) se cache simplement le fait de disposer d’un espace de stockage en ligne, avec généralement des logiciels et interfaces web dédiés rendant le partage des données simple et convivial.

Nous connaissons tous les Dropbox, One Drive, iCloud ou encore Google Drive (un peu différent car il propose des logiciels de bureautique intégrés)… et il en existe plein d’autres.

Les avantages :

– c’est une vraie sauvegarde à distance, qui limite fortement le risque de perte de données,

– la compétition entre ces services étant forte, et les géants du web étant de la partie, ces outils sont généralement simples et pratiques à utiliser, avec des interfaces web bien pensées, et des logiciels disponibles pour toutes les plateformes, PC comme mobiles,

– les versions de base sont généralement gratuites, pour un espace de stockage limité (2 Go sur Dropbox, 5 Go sur iCloud et OneDrive, 15 Go sur Google Drive)

– il est facile de sauvegarder automatiquement ses données en utilisant les logiciels et applications fournis.

Les inconvénients :

– pour avoir plus de place il faut payer, et cela peut vite revenir assez cher si tu veux sauvegarder beaucoup de données (compter 9.99 € par mois pour 1 To sur tous les services cités précédemment (une belle entente)).

– il faut avoir confiance aux entreprises auxquelles tu confies tes données. Avec les histoires de PRISM et cie, et ce qui se met progressivement en place en France également, difficile d’être pleinement confiant.

 

Les sauvegardes sur un serveur personnel externe, voire la création d’un cloud personnel

photo pixabay

Comme nous l’avons vu, le stockage dans le cloud réunit plein d’avantages, avec la contrepartie de perdre la maîtrise de ses données.

Une autre solution ne fera pas peur à tout ceux qui sont familiers avec l’hébergement de sites web : louer un espace chez un hébergeur, et y glisser ses fichiers de temps en temps grâce à logiciel FTP style Filezilla pour disposer d’une solide sauvegarde.

Bien entendu, ce n’est pas la façon la plus ergonomique qui soit de gérer des fichiers, et pour aller plus loin on peut envisager d’utiliser un logiciel de «cloud» personnel.

Si tout ça te semble un peu obscur : tu vois le fonctionnement de Dropbox ? Et bien imagine la même chose, mais au lieu d’envoyer tes données sur les serveurs d’une entreprise américaine, tu vas utiliser un espace sur un serveur que tu loues chez un hébergeur.

Cela ne garantit pas une totale confidentialité, mais c’est déjà un peu mieux.

L’un des plus connus actuellement est owncloud, je l’ai personnellement mis en place récemment sur un des mes serveurs, et j’ai été surpris par la facilité d’installation alors que je m’attendais à quelque chose de bien plus complexe (dans mon cas sur un hébergement Simple Hosting chez Gandi).

D’accord, il faut être un minimum à l’aise avec l’hébergement web, mais la plupart des hébergeurs proposent des pages d’explications si nécessaire.

Une fois installé, on dispose d’une interface web, d’un logiciel qui permet de créer des dossiers sur son PC, et d’applications mobiles, exactement comme Dropbox, avec la satisfaction supplémentaire de maîtriser un peu plus l’hébergement de ses données.

Attention au niveau du coût cependant, car pour bénéficier d’un espace de stockage conséquent on peut rarement se satisfaire des hébergements mutualisés premiers prix.

Je ferais peut-être un article dédié prochainement.

A noter qu’une autre alternative est proposée par les hébergeurs eux-mêmes, qui pour certains proposent des solutions de cloud clé en main. Compter par exemple 0.01 € HT / mois / Go chez OVH… on retombe donc sur les tarifs des ténors du cloud.

 

Tu y vois plus clair ? On fait le point à présent selon les appareils et services à sauvegarder, juste après une courte page de publicité :-p 

Quelle système de sauvegarde selon les appareils et espaces de stockage ?

 

Pour les ordinateurs

photo pixabay

Reprenons donc les différentes solutions :

– la copie sur des supports physiques amovibles (clés USB, disques durs externes…) est une solution facile et relativement peu coûteuse à mettre en place, mais ne sera vraiment sécurisée que si l’on prend la peine de stocker le support à un autre endroit que l’ordinateur. La sauvegarde régulière peut vite devenir fastidieuse, et l’on se prendra tous à rapidement «oublier» de faire ses backup.

– l’acquisition d’un NAS peut être une bonne idée à plus d’un titre, ne serait-ce que pour se créer un véritable réseau domestique, et ainsi disposer de ses fichiers depuis l’ensemble de son équipement informatique et multimédia. L’inconvénient du lieu de stockage identique peut être dépassé par les solutions proposant une sauvegarde programmée sur un espace en ligne.

– les sauvegardes dans le cloud permettent de régler la question du lieu de stockage à moindre coût, avec cependant une limite d’espace disponible dans les versions gratuites. Pour une plus grande maîtrise de la confidentialité de ses données cela vaut à mon avis la peine de s’investir un peu dans la création de son propre cloud. Des outils comme owncloud me semblent idéal pour cette fonction.

Pas de solution idéale en définitive, cela est à envisager au cas par cas, la «bonne» solution consistant souvent à un mix entre toutes ces possibilités.

 

Pour les appareils mobiles

photo pixabay

On oublie évidemment la plupart des supports physiques pour nos appareils mobiles, à moins d’imaginer faire des sauvegardes sur des micro-cartes SD pour les appareils équipés… mais ce serait bien trop fastidieux.

Posséder un NAS accessible via Wi-Fi, ou tout autre solution de serveur domestique, aura également du sens pour le cas des smartphones et tablettes, à la fois pour sauvegarder mais aussi pour accéder aux fichiers partagés par d’autres machines.

La solution que je qualifierai de plus «confortable» reste celle du stockage en ligne, les services de cloud proposant tous des applications généralement faciles et agréables à utiliser.

Si tu leur fais confiance, les services comme Dropbox ou Google Photos proposent même de sauvegarder automatiquement les photos que tu prends, pour être sûr de ne rien perdre en cas de soucis (et pouvoir faire de la place sur l’appareil si nécessaire).

 

Pour les données stockées dans le cloud

Hé oui, il ne faut pas oublier qu’envoyer ses données dans le cloud n’est pas une garantie de sécurité, car même si les entreprises du web prennent des précautions (multiples backup en différents points…), on n’est jamais à l’abri d’une panne de grande ampleur, ou d’une erreur dans la gestion de ton compte. Il vaut donc mieux là aussi disposer d’une copie de sauvegarde quelque part.

Tu peux très bien te fixer un rappel périodique pour rapatrier une copie sur un disque dur, histoire de «rematérialiser» un peu tes données.

Un peu fastidieux j’en conviens, j’ai personnellement plutôt tendance à utiliser un outil d’automatisation comme IFTTT ou Zapier pour faire des copies entre plusieurs services (envoyer le contenu de sa Dropbox sur Google Drive par exemple)

 

Pour les services web les plus importants

photo flickr / notoriousxl

Là aussi, il me semble important de ne rien laisser au hasard, surtout pour les services que l’on utilise le plus : webmail, agenda, liste de tâches, voire même réseaux sociaux…

Ils proposent en principe tous une solution pour télécharger l’ensemble de ses données, mais il faut parfois bien chercher.

Tu peux encore une fois te mettre un rappel pour effectuer cette action périodiquement, même si c’est un peu fastidieux.

 

Pour nos sites web

Le blogueur ou autre webmaster qui aura déjà perdu une grande partie de son travail à cause d’un crash de son système, une attaque ou n’importe quel autre malheureux événement, saura parfaitement de quoi je parle.

Il existe heureusement de multiples façons de mettre à l’abri son précieux site :

– télécharger périodiquement ses données et sa base de données sur son disque dur. Un moyen sûr mais fastidieux,

– les hébergeurs proposent souvent des services de sauvegarde automatique pour pouvoir revenir en arrière en cas de problème. A toi de vérifier qu’il est bien activé et bien configuré,

– les outils de gestion de contenu comme WordPress ou Drupal proposent généralement des extensions ou modules permettant de réaliser automatiquement des sauvegardes des fichiers et de la base de données. Cette sauvegarde pouvant s’effectuer directement sur le serveur qui héberge le site (intérêt limité en cas de problème, cf mon préambule), ou sur un service extérieur. Je pense par exemple au module Backup and Migrate sur Drupal, avec le service web associté NodeSquirrel.

 

J’espère avoir été suffisamment clair et exhaustif pour ce sujet important, n’hésite pas à compléter en commentaire, ou à nous expliquer ta façon de faire !

 

Source: Coreight